Féminin frustré et masculin castré

par Véronique Kohn
Féminin frustré et masculin castré
Mes actualités de ces derniers temps :

La relation entre un féminin frustré et un masculin castré apparaît dans la dynamique relationnelle homme/femme et notamment dans certains milieux.

Les valeurs du féminin dans notre société moderne sont à la hausse. Elles se véhiculent depuis une trentaine d’années en occident, elles apaisent l’héritage d’une domination masculine patriarcale. Les mouvements féministes ont leur place, et c’est une chance que cela puisse exister.

Ce sont tout bonnement les excès en tout genre qui inscrivent une continuation de la guerre des sexes au lieu de l’arrêter.

Actuellement, on voit apparaître un système de retournement des valeurs, des groupuscules d’hommes en colère, des masculinistes prennent le relais des féministes, ce qui paraissait totalement inimaginable ne fût-ce qu’il y a 15 ans.

Ces hommes en colère se plaignent d’un féminin frustré qui présente à la face du monde un visage insatisfait et revanchard.

Bien évidemment il ne s’agit pas de toutes les femmes, ni de tous les hommes, ne tombons pas dans le piège d’en faire une généralisation, mais tout de même, il est curieux de constater que la guerre des sexes ne fait que perdurer à travers ces nouveaux mouvements et ces renversements de valeurs.

 

Le féminin frustré

Si les revendications féminines partent d’un féminin excessivement blessé, la forme peut vite devenir intransigeante, généralisante à l’ensemble de la population masculine. Certains hommes, ayant œuvré par exemple pour des mouvement contre le harcèlement sexuel, me témoignaient qu’ils s’étaient sentis exclus car stigmatisés par l’association homme = méfiance.

Dès que la mémoire de peurs ancestrales, même légitimes sont trop prégnantes chez l’individu adulte, les comportement deviennent réactifs et défensifs.

Les femmes portent dans leurs cellules des générations de femme terrifiées, abusées. Sous la dictature d’hommes qui imposaient leur loi, certaines d’entre elles vont se sentir missionnées pour réparer ce féminin blessé, traumatisé, écrasé.

Et c’est là où le bât blesse. Si l’on agit à partir d’un a priori excessivement méfiant d’une représentation sur l’ensemble des hommes, les réactions seront agressives voire violentes, peut -être même aussi violentes que celles des hommes mais sous une forme plus insidieuse.

Ne jamais oublier que l’empreinte de la peur se situe au niveau du cerveau reptilien dans les sous-couches liées à la survie. On va se battre contre quelque chose, contre quelqu’un, pour une cause mais on n’est pas dans la vie.

Ce féminin blessé se transforme parfois en féminin frustré qui pourrait avoir envie de prendre une revanche sur les hommes en les écrasant à leur tour comme de la peste.

Il est de bon ton de dénoncer les excès d’abus sexuel, de violence et de maltraitance des hommes sur les femmes, mais il est opportun de dénoncer les effets annexes et excessifs parfois involontaires, mais tout aussi néfastes, des mouvements féministes de notre époque.

Ce féminin blessé, se retrouve aussi dans le mouvement du féminin sacré qui redore le blason du féminin en se targuant d’un vœu d’élévation spirituel, qui joue une carte de la sororité et grand bien leur fasse, mais fait part trop souvent dans les conversations entre femmes, de récriminations contre un masculin branlant.

Le masculin sacré qui est né deux à trois ans après le féminin sacré , essaie-t-il de réhabiliter ce masculin pointé du doigt comme un sexe abuseur et macho?

 

Le masculin castré

L’image de l’homme est celle d’un homme potentiellement prédateur, brutal, qui pourrait convoiter une femme et la prendre pour un objet assez facilement. Cette représentation est courante autant chez les hommes que chez les femmes dans nos esprits qu’on le veuille ou non.

Cette représentation n’est pas si souvent reconnue de façon claire, je le constate dans les groupes que j’anime. Bien souvent les femmes s’unissent entre elles et anticipent des comportements abusifs des hommes envers elles, souvent interprétatifs, ce qui tronque leur rapport aux hommes avant de démarrer quoi que ce soit.

Certains hommes n’ayant pas mis à jour et assumé leur envie de conquête, d’ensemencer la terre entière (ce qui est juste une trace de nos similitudes avec les mammifères), finissent par manœuvrer par en dessous, et ce de façon louche, genre «je touche pas mais je touche…». Je veux être gentil garçon pour être apprécié des femmes mais j’ai envie quand même…

A considérer que toute forme de vie qui se camoufle ne se dissout pas, mais se diffuse indirectement comme du lierre grimpant et envahissant.

Ce qui renforce la croyance des femmes que les hommes en veulent à leurs attributs sexuels, mais ne s’intéressent pas tant que ça à elles.

Bien des hommes n’ont pas envie de correspondre à cette image répugnante et négative de force violente, de prédation, surtout ceux qui ont eu un exemple d’homme violent dans leur famille. Ils ont au contraire envie de fabriquer une image inverse, celle d’un homme qui prend soin de la femme, la chérit, la vénère, un homme doux, tendre, tout sauf violent et dominant. Ce qui est tout à leur honneur. Mais déclarer la polarité masculine toute entière comme une ombre à se départir, occasionne l’effet inverse. La violence devient souterraine ou s’organise en auto agressivité. Je sens un élan du désir pour aller vers les femmes et je m’en détourne, je m’inhibe, je retourne cette énergie de vie contre moi ou je manipule les femmes sans le savoir. Je me vis intérieurement comme un homme coupable, fautif, qui fait souffrir potentiellement les femmes (qui elles sont des blanches colombes évidemment).

Ce qui va faciliter la création d’un masculin castré.

Castré parce que va être occultée une partie de la polarité masculine tant appréciée pourtant par les femmes, la puissance de l’affirmation de soi, la capacité de cadrer et de décider. Avec l’idée que si je suis moi-même en tant qu’homme dans l’affirmation de ma puissance je vais être rejeté des femmes.

Castré tant et si bien, que l’énergie masculine qui est un mouvement qui va de l’intérieur vers l’extérieur, finit par se rétracter vers l’intérieur, ce qui crée des troubles possibles de dysfonction érectile. Trop mou sur un plan psychologique mais parfois aussi sur plan physique. Les femmes se plaignent alors d’un homme qui ne bande plus pour elles. Impuissant… le mot vulgarisé en dit long…

C’est dramatique de voir combien l’association homme/violence fait des dégâts et surtout pour les hommes eux-mêmes!

A tel point qu’on invente des modes et des mouvements pour réhabiliter l’aspect mâle du masculin, comme « Les nouveaux guerriers », mouvement qui réhabilite les valeurs masculines fortes, ou néo-chamaniques, néo-tantriques avec des rituels masculins pour contrebalancer ce masculin qui se fond dans un doucereux féminin que je nomme le masculin castré.

Mielleux, les vénérateurs du féminin sont castrés, ils se perdent dans un positionnement mou. La complexité des relations amoureuses bat son plein : les femmes veulent des hommes, des vrais et à la fois des hommes sensibles, attentionnés à leur écoute, communiquants… et eux sont de plus en perdus dans toutes ces contradictions… Le moins souffrant n’étant pas le gentil garçon qui veut vraiment bien faire, et se prend les pieds dans le tapis en taisant ses élans premiers et spontanés.

Il se castre lui-même, se faisant du mal d’abord à lui, puis à la femme en face de lui, qui se retrouve parfois malgré elle en posture d’autorité et ne sait plus quoi en faire.

Les hommes disent avoir du mal à se situer dans la relation à la femme, ils se sentent perdus, ne sachant plus comment s’y prendre pour être aimé d’elle.

La question d’aimer et d’être aimé est au centre des préoccupations du couple actuel, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, plus que jamais, la quête du bonheur est une quête admise et prioritaire.

Les hommes d’aujourd’hui ont envie la plupart du temps, (en tous les cas en occident ) de se mettre sur pied d’égalité avec leur compagne. Sauf les plus traumatisés d’entre eux qui en sont juste incapables. Le partage des tâches ménagères entre dans les mentalités, même si les femmes en font toujours globalement plus.

Ces hommes, qui pour une large majorité font de leur mieux pour rester des hommes virils, et en même temps sensibles à l’égalité des sexes, sont perplexes des attentes des femmes. Ils ne savent plus comment se positionner. Les femmes attendent à la fois un homme qui s’engage, un bâtisseur, un constructeur, et à la fois un homme doux, sensible, qui sait équilibrer ses polarités masculines et féminines. Un idéal masculin inatteignable comme tout idéal.

Les hommes d’aujourd’hui peuvent être si perdus, que des pathologies du masculin frustré apparaissent comme par exemple chez les incels, les célibataires involontaires, qui sont des hommes qui se sentent rejetés par l’entièreté de la population féminine, passent à l’acte, et se plaignent d’un féminin dominant, qui prendrait le pouvoir en ne voulant pas d’eux.

Ce n’est pas en accusant le sexe opposé sans se remettre en question que ça va s’arranger.

Si j’ai peur, je me méfie, et si je me méfie, je projette que l’autre est responsable de tous mes maux, forcément.

 

Et dans le couple ?

Nous cherchons à vivre des relations amoureuses harmonieuses, aimantes où chacun donne et reçoit en réciprocité. Cette aspiration à communier, à aimer et à être aimé est légitime.

Nous sommes si déçus lorsque des blocages, au sein de la relation apparaissent au bout d’un temps, comme si on se trouvait tout petit face à une montagne, totalement démunis. C’est lorsque le sentiment d’impuissance nous absorbe que l’on a le plus envie de jeter l’éponge.

Peut-être que si l’on pouvait mieux comprendre ce qui se joue derrière nos ressentiments, on serait plus à même de changer de regard sur nos partenaires, cesser de leur « jeter la pierre » comme on dit.

Reconnaître que souvent vous, les hommes, vous avez une femme en face de vous qui provient d’un féminin blessé, une femme qui dans son passé a subi des défaillances et des abus, et arrive en tant qu’adulte dans la relation avec des fragilités, parfois méconnues.

Les blessures ont souvent à voir avec des manques d’encouragements, de regard aimants du père, de protection, d’accompagnement vers l’autonomie. Certaines jeunes filles au lieu de trouver des encouragements ont subies des maltraitances verbales ou physiques, des interdictions parentales qui les conditionnent.

Tous les discours entendus sur le danger pour la jeune fille de fréquenter les hommes vont influencer ses jugements.

Quand une femme qui vit en couple ne sait pas qu’elle porte des lunettes projectives du père ou frères manquants ou violents, elle n’identifie pas pourquoi elle est frustrée, déprimée si l’homme avec qui elle a choisi de faire couple, n’est pas exactement l’inverse de ces hommes connus.

Et si l’homme est aussi un homme blessé ou castré par un père autoritaire ou une mère abusive, on va retrouver le couple féminin frustré et masculin castré qui s’emboite dans une névrose parfaite.

Femme dominante, homme effacé, ou femme dominée et homme exigeant, les luttes de pouvoirs entre eux vont sévir. Et les reproches incessants et blessants vont les fermer l’un à l’autre.

A savoir que c’est bien souvent dans la relation amoureuse que l’on va investir le plus d’enjeux affectifs. C’est pour cette raison qu’il y a le plus de distorsions de représentations et de souffrance. Plus que dans n’importe quelle autre sphère de la vie, bien souvent.

Alors allons nous sortir une fois pour toutes des luttes de pouvoir entre femmes et hommes ?

Je l’espère, peut-être qu’en reconnaissant nos mécanismes inconscients pour ceux qui ont plaisir à s’introspecter et mieux se connaître, ces luttes seront moins conséquentes. Il y a aura plus de souplesse acquise, moins de rancœurs à réparer dans le cœur des hommes et des femmes.

Véronique Kohn, Le 8 mai 2018.


 

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Féminin frustré Masculin castré

 

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