Une fois passée le moment de la rencontre fusionnelle, l’attachement à une personne mariée ou indisponible reste un mystère à élucider. Pourquoi certaines personnes se maintiennent-elles dans ce type de relation et demeurent incapables de se séparer de cette personne en dépits de tous les facteurs qui pointent la souffrance de faire perdurer cette situation ?
Si seulement elle était satisfaite de son sort ! On pourrait imaginer bien des avantages à cette situation, plus de liberté, moins de routine, une rivalité sous jacente qui tient le désir en haleine, l’homme ou la femme convoitée n’étant en aucun cas acquis.Mais non, elle s’en plaint, à elle même déjà, enchaînée dans ses contradictions, et condamnant ensuite ce qu’elle évalue comme sa propre impuissance à rompre le lien.
Alors qu’est-ce qui motive celui qui est épris d’une personne indisponible, ce dernier qui ne peut s’engager à la hauteur des attentes du modèle classique du mariage ?
Accrochée à une mémoire d’un bien être, d’un plaisir réellement vécu à des moments donnés, elle ne peut imaginer ne plus les retrouver à jamais. Quelle prison que la dépendance affective et ou sexuelle !…
L’attraction voire l’attachement au plaisir et la répulsion au déplaisir va tisser le terreau de la dépendance.
Insatisfaite surtout dans ses besoins de sécurisation, elle va chercher à l’extérieur d’elle une personne qui devrait couvrir ce type de besoin, quelqu’un qui souhaite comme elle s’engager, sur qui elle pourrait se reposer. Sauf qu’elle s’organise pour ne pas obtenir ce dont elle a le plus besoin en restant avec un « indisponible ».
Elle oublie un postulat qui est que la sécurité ne provient jamais d’un objet extérieur.
Au contraire plus l’indisponible sent le besoin de sécurité et l’attente sous la forme de chantage affectif, plus il fuit, moins il va la choisir, plus il risque de mentir ou d’omettre.
Tout simplement parce que de son côté celui qui est marié ou indisponible a probablement aussi envie de préserver le lien, attaché lui aussi à la ménager pour éviter la rupture. Tous les deux sont alors prisonniers d’un système de croyances, l’un gardant l’espoir qu’un jour il va changer et la choisir comme dans un conte de fée, et l’autre qui ne parvient à choisir clivant et s’enfonçant dans le mensonge pour garder tous les liens.
Quels sont les mécanismes psychologiques à l’œuvre dans ce cas de figure ?
- Parfois, il s’agit d’un scénario de « je ne mérite pas » d’être aimé vraiment, de tolérer l’abondance qui amène à se maintenir dans ce type de relation. Si je ne me fais pas confiance je ne crois pas que je peux obtenir ce dont j’ai besoin alors je vais me satisfaire du peu que l’autre peut m’offrir.
- Parfois, il s’agit d’un goût de l’intensité, le feu de la passion ici s’entretient de lui même du fait de ne pas tout partager avec l’autre, ni le territoire, ni le quotidien, et l’énergie de séduction reste au premier plan pour rester présent dans le regard de l’autre. Un scénario ou rivaliser reste inconsciemment un défi important.
- Un besoin de sécurité qui se mêle à un besoin d’être désirant, la tension du désir sans cesse renouvelé exerce un conflit avec le besoin d’engagement, de sécurité.
- Le conformisme du modèle du couple classique peut aussi influer sur l’envie d’avoir plus. Il est parfois difficile de remettre en question ce modèle si profondément ancré dans nos sociétés priorisant l’engagement monogame et long terme avec un amour unique et éternel pour la vie. Si c’est le cas, la personne tient sur son système de valeurs, identifié à la croyance qu’il faut pour être heureux un partenaire « comme madame tout le monde », bien stable, qui ne regarde qu’elle…
- De victime, elle devient persécutrice, exigeante, de façon exprimée ouvertement ou pas, n’importe comment l’attente insatisfaite de ne pas être totalement choisie se fait sentir à travers des reproches, des coups bas.
Comment trouver une solution à ce type de relation ?
De deux choses l’une, soit c’est vraiment trop souffrant et de là peut être faut-il renforcer l’amour de soi pour envisager une capacité de se positionner une fois pour toute, car pratiquement toutes celles qui sont dans ces cas de figure font des allers et retours sur des séparations qui n’en sont pas.
Alors je commence à croire que je mérite un jardinier pour faire fleurir mon trésor intérieur ; que me séparer va permettre à d’autres espaces d’éclore comme une solitude plus pleine où d’autres partenaires de vie pourront se présenter.
Mais pour cela, si je suis encore trop sous l’emprise de mes blessures affectives du passé, je dois comprendre que dans un premier temps je dois renforcer mon identité blessée qui veut contrôler beaucoup, se rassurer par des croyances idéalisant un schéma de couple plus stable, ou chercher à se rassurer par un alter ego à l’extérieur de soi à qui l’on donne tout pouvoir pour valider sa valeur intrinsèque.
A ce moment là, je peux changer de perspective, je renforce mes bases, je ne suis plus dupe de m’en remettre à un autre pour mes besoins de sécurité, je me laisse aimer de lui ou d’elle dans ce qu’il peut donner et je ne cherche plus à le changer. Je suis amour, je suis la source, je dépends moins des évènements, des personnes pour asseoir ma joie de vivre, je sais que quelque soit mon choix marié, indisponible ou totalement disponible, j’aurai de toutes les façons des moments agréables et ou désagréables en sa compagnie, mais surtout, surtout, par dessus tout, j’aime ma compagnie pour jouir alors de tout ce que la vie m’offre sur le chemin.
Je sors alors de mes schémas arrêtés comme quoi il me faut absolument une personne libre ça serait tellement mieux pour moi ! Je commence à respirer, à vivre avec si peu de schémas mentaux préétablis que je sens ce vent de liberté intérieur se profiler, je vais là ou le vent me mène et chaque rencontre a son gout d’une expérience particulière mais n’est en aucun cas vue comme une échec ou un problème à résoudre. Je m’assouplis, je crois tout bonnement en la vie, je lâche toujours un peu plus ce qui me fait le plus souffrir, non pas le partenaire marié à qui j’en veux tant mais à ma croyance qu’un choix ou un modèle amoureux est mieux qu’un autre…et je n’écoute plus que ma petite voix intérieure qui m’appelle à vivre en amour, à sortir des chemins balisés par mes pairs, à aimer celui qui ne peut pas être autrement que ce qu’il est : marié et indisponible.