Slow dating ou avalanching, à l’approche de la Saint Valentin les applis de rencontre surchauffent ! interview sur 20 mn.fr

par Véronique Kohn
  • Depuis de nombreuses années, les applis de rencontres sont pour beaucoup devenues un moyen comme un autre de trouver l’amour, mais la déception peut être au rendez-vous.
  • Certains cherchent le moyen de dater sans se mettre trop de pression.
  • Pour optimiser leurs chances, deux stratégies peuvent être adoptées par les célibataires en quête d’amour : miser sur la qualité, ou la quantité. Mais cela fonctionne-t-il ?

Les températures ont beau s’être radoucies, au milieu de cet hiver interminable, cela ne parvient pas à réchauffer les cœurs des célibataires en quête d’amour. Et l’approche de la Saint-Valentin n’arrange rien à l’affaire. Alors pouces et index chauffent sur les écrans, swipant à la vitesse de la lumière sur les applis de rencontres, surtout quand sévit le blues du dimanche soir, qui peut aussi s’inviter d’autres jours de la semaine.

Les plus pressés sont donc nombreux à mettre les bouchées doubles pour faire la bonne rencontre. Là, plusieurs stratégies sont possibles : multiplier les dates pour multiplier ses chances, ou opter pour le slow dating, en faisant primer la qualité sur la quantité. Mais cela marche-t-il ?

Blues du dimanche soir et dating monday

Si le premier dimanche de l’année est celui où il y a le plus d’affluence sur les applis de rencontres, tout au long de l’année, on peut observer des pics, dont celui du blues du dimanche soir, qui tenaille parfois un peu plus les célibataires. Mais il y a désormais aussi celui du lundi. « En France, le pic d’activité sur Bumble, c’est les lundis, entre 21 et 22 heures », indique le site de rencontres. C’est ce qu’on appelle le « Dating Monday ».

Mélanie, 32 ans, se reconnaît aussi bien dans le blues dominical que le dating monday. « Quand je suis seule chez moi pendant que la plupart des potes vivent en couple, que ce soit le dimanche soir ou en rentrant du boulot la semaine dans un appartement vide, ça me déprime ». Pour Véronique Kohn, psychologue et psychothérapeute spécialiste du couple et de la relation amoureuse, et autrice de Quel(s) amoureux êtes-vous ? (éd. Tchou), ce réflexe intervient dans « des moments où l’on ressent un vide intérieur, existentiel. Dans ces moments-là surgissent des pensées de solitude future : la peur d’être seul et de le rester. C’est souvent des gens actifs qui ne se posent pas de questions dans le rush et qui, le soir venu, ressentent une solitude pesante. Et au lieu de ne pas donner suite à cette pensée, ils l’alimentent. Pour eux, dans cette société normée qui survalorise le couple, se connecter sur les applis ou les réseaux, c’est l’échappatoire et la solution ».

Mélanie, elle, « scrolle et swipe massivement. J’enchaîne messages et dates avec plusieurs mecs. Mais assez vite, je suis déçue, parce qu’en règle générale, à part des conversations qui ne mènent à rien, des dates un peu foireux et de temps en temps une nuit sans lendemain, les applis ne me permettent pas de faire de vraies rencontres, alors je les désinstalle toutes ». Un système qui génère « de la déception, analyse Véronique Kohn : au bout du compte, beaucoup d’hommes et de femmes ne s’y retrouvent pas, ils sont blasés et déçus par ces sites qui promettent une âme sœur qui souvent n’est pas au rendez-vous ».

De nouveaux dates, sans pression

Pour ne pas trop se mettre la pression, Robin, 33 ans, a changé sa façon de dater. « Le premier rendez-vous à l’ancienne où on se retrouve pour boire un verre et aller dîner, c’est terminé. En général, on se voit pour la première fois après quelques jours d’échanges par messages, quand il y a un bon feeling. Mais il n’y a qu’en se voyant « en vrai » qu’on peut se rendre compte s’il y a une alchimie ou pas. Et quand il n’y en a pas, c’est un peu pénible pour les deux de se dire qu’on a bloqué toute la soirée pour ça. Alors maintenant, je propose plutôt un café, ou un verre en tout début de soirée, en prévoyant d’autres plans avec les potes après ».

Une manière « d’amortir son temps : on anticipe la déception potentielle du date, explique la psychothérapeute. On ne veut pas perdre son temps donc on prévoit un rendez-vous court et de quoi poursuivre la soirée de manière agréable, toujours dans l’idée d’échapper à ce sentiment de vide existentiel et de solitude : en première intention je date, et si ça ne fonctionne pas, j’ai toujours les potes ».

« Avalanching » versus « slow dating »

Côté stratégie de dating, deux courants de pensée s’opposent, entre les partisans de « l’avalanching », qui consiste à multiplier les dates quitte à revoir ses critères à la baisse, en faisant primer le quantitatif sur le qualitatif. Et le « slow dating », qui mise sur « la qualité plutôt que la quantité, précise-t-on chez Bumble. Plus d’un tiers des Françaises (42 %) déclare désormais s’adonner activement au « slow dating » pour protéger sa santé mentale, tandis que la moitié des personnes (49 %) privilégie la qualité plutôt que la quantité lors de leurs rencontres ».

Dans les deux options, « on est dans une stratégie volontariste, décrypte Véronique Kohn. Pour les adeptes de l’avalanching, l’avantage est statistique : quitte à vouloir faire des rencontres, autant être dans la performance et le chiffre, pour optimiser ses chances de réussite. Cela peut fonctionner, mais attention au retour de bâton à appliquer un critère de productivité à du sentimental, prévient-elle, le risque de déception est grand. Le slow dating, lui, s’inscrit dans cette mode actuelle du « slow », qui consiste prendre son temps et miser sur la qualité. L’intention n’est pas mauvaise, il s’agit de prendre le temps de trouver le profil qui nous correspond. Il y a du bon : on se fait la cour, on apprend à se connaître avant de se rencontrer, on ne se saute pas tout de suite dessus, ça a son charme. Mais on peut aussi surinvestir cette phase virtuelle, et être déçu quand la rencontre réelle n’est pas à la hauteur de l’objectif fixé de se mettre en couple ».

A 27 ans, Noé, lui, a opté pour l’avalanching. « Après une rupture difficile et quelques mois pas terribles, j’ai fini par tourner la page. J’ai fait des rencontres en soirée, mais rien de sérieux. Et à un moment, j’ai vraiment eu envie de me mettre en couple. Alors j’ai abordé ça comme un projet, avec une stratégie : multiplier les dates en me disant que j’allais bien finir par matcher vraiment avec quelqu’un ». Un pragmatisme partagé par celle qui est sa petite amie depuis huit mois, Sarah, 26 ans, qui a pour sa part préféré le slow dating : « Les applis ou Insta, c’est un moyen comme un autre de rencontrer de nouvelles personnes. Mais moi je n’avais pas envie de perdre mon temps avec le tout-venant, j’ai fait de la sélection, plaisante-t-elle. Mais les attentes sont les mêmes, peu importe la manière dont on s’est connus. Après plusieurs dates, quand j’ai senti que j’étais vraiment bien avec Noé, je lui ai dit que je voulais une relation exclusive, que c’était à prendre ou à laisser ». Et « j’étais sur la même longueur d’onde, ajoute Noé, alors j’ai répondu « ok ! » ».

 
 

 

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