Pourquoi on court après ceux qui ne nous choisissent pas ?
L’amour ne devrait pas être une bataille. Pourtant, combien d’entre nous ont passé des années à supplier, attendre, ou « prouver » leur valeur à un partenaire indécis ? Si cette dynamique vous parle, c’est peut-être parce que votre cœur répète une vieille blessure… celle d’un enfant qui n’a jamais été assez « choisi ».
L’illusion du choix : quand l’amour devient une compétition
Imaginez cette scène, aussi banale que déchirante : une femme replonge dans une relation avec un homme qui l’a quittée dix ans plus tôt pour retourner avec son ex. Malgré les doutes (« Va-t-il rester ?), malgré l’évidence (il ne la choisit pas vraiment), elle s’accroche. Pourquoi ?
Parce que cette histoire n’est pas vraiment la sienne. C’est celle de son enfance qui se rejoue.
En thérapie, on découvre souvent que ces dynamiques toxiques sont des répétitions inconscientes : des scènes où l’on revit, sans le savoir, des combats d’autrefois pour obtenir un amour qui nous a manqué. Ici, la patiente a grandi dans l’ombre d’un frère malade, captant toute l’attention de sa mère. Pour exister, elle a appris à « performer » – être forte, indépendante, celle qui n’a « besoin de personne ». Mais derrière cette armure se cache une peur lancinante : « Suis-je assez aimable pour être choisie ? »
À l’âge adulte, elle reproduit ce schéma : – Elle choisit des partenaires indécis, flottants, qui la plongent dans une compétition invisible (avec une ex, un passé, une tierce personne). – Elle bataille pour être « la choisie », comme elle a bataillé enfant pour le regard de sa mère. – Son anxiété (« Va-t-il me quitter ? ») n’est pas seulement liée à lui, mais à la peur ancestrale de ne pas mériter l’amour.
« On ne tombe pas amoureux par hasard. On tombe amoureux d’une personne qui, sans le savoir, nous tend un miroir de nos blessures passées. »
Le piège : confondre sécurité affective et dépendance
Le problème ? Elle projette sur cette relation le besoin de sécurité qu’elle n’a pas su se donner seule.
Les moments de tendresse (câlins, sexualité) deviennent une drogue : ils apaisent temporairement son angoisse, mais la rendent addicte à l’intensité – et donc vulnérable à la frustration. Voici trois illusions à déconstruire pour s’en libérer :
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« Sans lui, je ne suis pas en sécurité. » → Faux. La sécurité intérieure ne dépend pas d’un partenaire, mais de notre capacité à nous ancrer nous-mêmes (via des relations variées, des projets, une connexion à soi). Un adulte stable ne s’effondre pas sans l’autre.
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« Ses câlins sont vitaux. » → Non. Si le toucher est précieux, un adulte peut tolérer son absence sans crise (contrairement à l’enfant, pour qui c’était une question de survie). Apprenez à vous « nourrir » autrement : massages, câlins platoniques, auto-soin.
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« Si je gagne sa bataille, je serai enfin aimable. » → Erreur. Aucun partenaire ne comblera le manque d’amour parental. Chercher à « triompher » en étant choisie, c’est rester prisonnière du passé.
Comment sortir du cycle ? Passer du « moi enfant » au « moi adulte »
Pour briser cette répétition, voici quatre étapes clés :
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Prendre conscience : Reconnaître que l’on porte encore les « lunettes de l’enfant » qui croit que l’amour se mérite par la performance ou la rivalité. « Est-ce que je l’aime, ou est-ce que j’aime l’idée d’être enfin choisie ? »
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Déléguer la sécurité : Ne plus attendre d’un partenaire qu’il joue le rôle du parent réparateur. La sérénité se construit par des actions concrètes : thérapie, amitiés solides, projets personnels, auto-compassion.
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Tolérer la frustration : Accepter que les moments de tendresse soient agréables, mais non essentiels. Par exemple : – Remplacer l’attente des câlins par un auto-massage ou une séance de yoga. – Noter dans un journal : « Ce manque est supportable. Je ne vais pas mourir. »
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Savoir le réel : Cesser de vivre dans l’obsession (« Est-ce qu’il m’aime ? ») pour se reconnecter au présent. Une technique simple : « Qu’est-ce que je vois, entends et sens maintenant ? » (Ex. : « Je sens le soleil sur ma peau, j’entends les oiseaux… » plutôt que « Il ne m’a pas répondu, c’est fini »).
Le message final : aimer sans mendier
Cette dynamique n’est pas une fatalité. On peut aimer sans se battre pour exister.
Voici ce que j’ai vu, en 20 ans de pratique : les relations qui guérissent sont celles où l’on se sent choisi sans avoir à le prouver. Pour y parvenir :
✅ Un partenaire qui hésite n’est pas un défi à relever, mais un signal à écouter (il ne vous choisira peut-être jamais vraiment). ✅ La sécurité se cultive de l’intérieur, pas dans les bras de quelqu’un d’autre. ✅ L’amour mature n’est pas une compétition, mais un espace où l’on se sent en paix.
« La vraie liberté, c’est de réaliser que vous n’avez plus besoin de gagner l’amour de personne… parce que vous vous êtes enfin choisi vous-même. »
Et vous, dans quelle relation rejouez-vous vos blessures d’enfance ?
Cette question n’est pas un reproche, mais une invitation : et si, cette fois, vous choisissiez de rompre le cycle ?
👉 Pour approfondir, je vous invite à regarder ma conférence sur ce sujet (avec des outils concrets pour passer à l’action).
💬 Partagez en commentaire : Avez-vous déjà vécu une relation où vous aviez l’impression de « devoir gagner » l’amour de l’autre ? Qu’est-ce qui vous a aidé à en sortir ?
Véronique Kohn Psychologue & Psychothérapeute Spécialiste des relations amoureuses et de la reconstruction après une rupture « `