La différence d’âge dans le couple

par Véronique Kohn
La différence d’age dans le couple

Aimer un(e) plus jeune que soi ?

Jusqu’alors la société patriarcale considérait logique qu’un homme s’entoure de femmes plus jeunes que lui, allant jusque 10 ans et plus d’écart. Dans certains pays de très jeunes filles se marient avec des hommes matures, entre 10 et 20 ans leurs aînés.

Le cas le plus connu du grand public est celui de la crise de la quarantaine, où dit-on l’homme pour revaloriser son image recherche une femme plus jeune, qui lui permet de se sentir toujours jeune et séduisant.

Si l’homme jette son dévolu sur une femme ayant 20 ans de moins et plus, le regard en Europe sera déjà plus jugeant, surtout s’il fonde un couple et non une aventure passagère.

Changement de mœurs dans nos sociétés occidentales, les femmes peuvent s’afficher en couple avec des hommes plus jeunes, on les étiquette de « femmes cougars » par ailleurs.

Certes, la femme est moins stigmatisée qu’auparavant Le terme reste néanmoins péjoratif, ou alors on jette un regard amusé sur ces femmes matures qui s’offrent « des petits jeunots ».

Toujours est-il qu’il y a à peine une dizaine d’année les femmes qui fréquentaient des hommes de 10 à 15 ans plus jeunes les entretenaient forcément alors que maintenant elles sont possiblement en couple.


Aimer un(e) plus vieux que soi ?

L’écart classique est de s’unir pour une femme avec un homme de 2 à 5 ans de plus, jusqu’à une dizaine d’année maximum. C’est ce qui est admis aux yeux de la norme sociale.

A partir d’une dizaine d’année d’écart, il est commun que l’on juge qu’une femme cherche une figure paternelle à travers l’homme qu’elle choisit, avec l’idée que son complexe d’Oedipe a du mal se passer.

Dans le modèle de société patriarcale, la femme jeune se met sous la protection d’un homme fort soi disant, qui pour le coup a tout pouvoir sur elle et ses enfants.

C’est la raison pour laquelle encore aujourd’hui il n’est pas rare de voir une femme attirée par un homme plus vieux s’imaginant trouver protection, appui, soutien.

Si l’homme aime une femme plus âgée (comme le couple Macron qui défraie la chronique actuelle avec 24 ans d’écart), et ceci dans une histoire romantique, il est perçu comme un homme qui perd son temps avec une « vieille », qui pourrait trouver certainement mieux.

Le culte est à la jeunesse, toute personne qui s’affiche en couple avec un(e) plus jeune qu’elle a de la chance, elle symbolise une forme de réussite sentimentale, elle apparaît comme une personne plaisante et acceptée sur le marché de la conquête amoureuse.

Les sites de rencontre accentuent ce courant de devoir rester jeune, beau, en forme, séduisant, la barre est de plus en plus haute, on plait plus aujourd’hui sur des critères purement physiques pour tous ces sites où la première sélection est basée sur l’image.

Selon les enquêtes de l’Insee :

Le modèle de l’homme plus âgé que sa compagne reste dominant (56%). l’homme a en moyenne deux ans et demi de plus que sa conjointe. Trois couples sur dix ont le même âge (à un an près). Mais quand les couples n’ont pas le même âge, l’écart d’âge n’est pas très élevé dans 30% des cas (entre 2 et 4 ans d’écart). Seuls 8% des couples ont plus de dix ans de différence.

Le fait que ce soit surtout des hommes qui épousent des plus jeunes, est pris comme « je suis plus viril que les hommes qui épousent des femmes du même âge ». Mais alors les femmes qui épousent des hommes plus jeunes ? Elles estiment qu’il n’y a pas de raison de laisser l’écart d’âge dans ce sens-là. Elles ne cherchent pas forcément à avoir un compagnon qu’elles puissent montrer.

Au delà de ces clichés qu’en est-il ? Et est-ce que ces clichés influencent inconsciemment ces couples non assortis ? 8% donc des couples on un écart d’âge de plus de 10ans et quels sont les éventuels écueils qui peuvent se poser sur leur chemin ?


Déranger au niveau du regard

« Dans les esprits, une fille jeune qui se met en couple avec un homme plus vieux est une profiteuse qui n’en veut qu’à l’argent, « crise de la quarantaine », mode des « cougars »… Les couples à grande différence d’âge sont souvent victimes de préjugés qui ne reflètent pas la réalité.

Pour durer, le couple doit s’écarter des projections négatives du monde extérieur, ne pas faire dépendre des autres leur choix amoureux.

Et quand la famille s’y oppose ? Le couple sera-t-il assez solide pour faire face à la pression familiale ?


Projeter un bon parent à la place du parent d’origine

Y a-t il vraiment un besoin de sécurité recherché lorsque le plus jeune se met en couple avec un plus vieux que lui?

Le cliché qui consiste à dire qu’il cherche un père ou une mère est un peu simpliste.

Cela peut s’avérer vrai pour certains ou certaines qui ont eu un manque de socle parental, de partir à la recherche d’une forme de stabilité mais complètement faux pour d’autres où parfois le plus mature affectivement n’est pas celui que l’on croit.

En même temps si l’alliance de la relation repose sur une recherche de parentage, il est probable dès lors que le couple s’installe dans une symbiose à forme relation Parent- Enfant, qu’il soit menacé dès que l’un des deux sortira de cette symbiose, c’est à dire évoluera et changera de rôle.

Et c’est souvent le cas, celui qui se positionne pour être pris en charge comme un enfant qui se fait materner, peut se sentir étouffé de trop d’énergie père ou mère et cesser de projeter un parent de substitution sur son partenaire.


Les décalages d’envie, de rythme, de goûts

A chaque âge de la vie, ses besoins :

A partir de 25/30 ans l’envie de réaliser une cellule familiale est classique, si l’écart d’âge est important, l’un peut avoir envie de faire des enfants, l’autre pas, ce qui peut devenir un facteur de séparation.

De même si les choix d’activités sont trop différents, de par l’écart générationnel , à terme cela peut finir par nuire à la relation, les goûts, l’âge des amis du partenaire, les rythmes décalés peuvent être perçus comme un grand écart au niveau des valeurs.

Dans les débuts, l’amour est au centre, ce qui est commun aux deux est privilégié, petit à petit les détails du quotidien se précisent, les différences apparaissent plus nettement , l’agacement pointe son nez. Et ce encore plus dans ces couples où l’écart d’âge est important.

A ce moment là, soit celui qui est le plus dérangé peut apprivoiser et négocier l’écart générationnel, soit cela n’est pas négociable et la rupture n’est pas loin.

Parfois c’est un véritable dilemme, je l’aime mais il(elle) ne veut plus d’enfants, puis-je faire le deuil de ce rêve de cellule familiale par amour ? Ou vais-je le regretter et lui faire payer à un moment donné ?

Le désir sexuel aussi, peut se transformer et l’écart d’âge est un facteur qui peut interférer également, ne dit-on pas qu’un homme aura moins facilement d’érection, une femme moins envie de faire l’amour lorsqu’elle est ménopausée ? Evidemment ce n’est pas toujours vrai non plus, néanmoins cette question autour de la sexualité peut être encore plus présente au sein de ces couples là.

Comment va se gérer le fait que l’un des deux ait une libido adaptée à son âge ?

Avec ce décalage des rythmes, de la vitalité, des goûts, est-ce que le plus âgé ne va pas se comparer au plus jeune et en profiter pour se culpabiliser de n’être plus à la hauteur ?

Est-ce que le plus jeune peut s’adapter et trouver des ressources ailleurs ?


Jouer l’infirmier pour l’autre ?

Pour ces couples à grande différence d’âge, si le plus jeune n’a pas suffisamment d’énergie ; il peut s’inquiéter d’un éventuel rôle d’infirmier pour la fin de vie de son partenaire.

On pourrait à première vue considérer qu’il manque d’amour véritable, mais la question à mon sens est plus pragmatique qu’autre chose, a-t-ton toujours les moyens d’être à la hauteur de notre vocation d’amoureux inconditionnel ? Entre le rêve de se porter au secours par amour et le fait d’en être capable, il y a parfois un pas à franchir.

A l’idée de devoir le prendre en charge dans quelques années, il peut se sentir déjà enfermé dans un système trop contraignant.

Le film « Amour » traduit bien cette problématique de la fin de vie, tout en nuances, on voit ici combien ce sujet sensible nous confronte à la fois sur notre intention de nous mettre en amour ; de porter soin et à la fois de nos limites.

Un lien plus menacé que pour un couple avec deux ou trois années d’écart, d’où la séparation est déjà incluse dès le départ ?

On pourrait s’imaginer que le plus jeune à terme risque de refaire sa vie et de partir pour un(e) de son âge probablement parce que ce coup de cœur à terme n’est pas viable pour les raisons citées plus haut.

Bref que ce n’est pas un lien durable, juste une histoire temporaire, trop d’obstacles viennent se rajouter à ceux des couples sans ce décalage d’âge.

En même temps si ce couple se maintient, de deux choses l’une, soit la relation symbiotique Parent-Enfant se maintient, soit ce couple invente sa manière propre de faire face aux obstacles.

De fait, annoncer dès le départ la rupture est déjà une façon de se scléroser dans un futur connu, qui n’est évidemment qu’un schéma de pensée puisque la particularité du futur est qu’il est inconnu.

On pourrait ainsi conclure que si ces couples à grande différence d’âge doivent se séparer avant que l’un des deux ne meurt, c’est que comme n’importe quel couple, il a ses raisons de ne pouvoir se maintenir dans la durée, même si les obstacles envisagés paraissent plus importants encore dans cette configuration.

Et en conclure que la différence d’âge n’est pas un problème si l’on considère qu’une seule personne au monde ne peut en aucun cas satisfaire tous nos besoins, à partir de là, il s’agira de développer des stratégies multiples dès que l’on rentre en relation amoureuse au lieu de poser une évidence du « je serai tout pour toi, tu seras tout pour moi » slogan de la génération de nos parents plus que de la notre.

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